Le patriotisme aux frontières
Au xive siècle, la frontière du royaume, a l'est, se fixe sur la Meuse. Dans ces marches longtemps disputées entre le pouvoir du roi et celui du duc de Lorraine se développe alors un attachement profond au pays de France.
La frontière médiévale n'a pas bonne réputation. Instable, voire inexistante, faite d'enclaves multiples et enchevêtrées, elle serait impossible à connaître et à car-tographier. Au début du Moyen Age, les bornes du royaume des Francs s'étendaient jusqu'où pouvait les porter le pouvoir de leurs armées. Aux vnr et ixc siècles, à la limite du royaume, puis de l'Empire carolingien, on trouvait des marches peu peuplées, forestières et montagneuses. Autour de l'An Mil, leur dessin se précisa. Sur le terrain, elles suivaient une vallée fluviale, une haie, couraient d'un orme à un carrefour. Même si l'usage de marques artificielles (croix ou bornes) était alors peu fréquent, les anciens du village savaient dire, de mémoire, aux enquêteurs du roi, le tracé exact de la frontière.