Les camps français d'internement
Réfugiés, étrangers, «indésirables», «suspects»... Dès la fin de la IIIe République, des camps avaient surgi, un peu partout en France, pour les regrouper. Le gouvernement de Vichy utilise ces camps pour faire de l'exclusion un fondement du nouveau régime.
Plusieurs dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, étrangers pour la plupart, se retrouvèrent, en 1940, derrière les barbelés, dans des camps dits « d'internement », « d'hébergement », « de transit », « répressifs » ou « semi-répressifs », selon la terminologie de l'époque. Cependant, tous ces camps existaient déjà avant la débâcle ; la France de Vichy en a hérité de la IIIe République. Le régime du maréchal Pétain a-t-il fait de cet héritage un usage spécifique ? A-t-il obéi aux directives de l'occupant ? Ne faut-il pas voir, plutôt, dans la politique répressive de Vichy à l'égard des « indésirables » de toutes sortes, l'effet d'une stratégie de l'exclusion qui serait au cœur de la Révolution nationale ?
C est, en effet, sous les gouvernements Daladier et Reynaud (10 avril 1938-17 juin 1940) que se met en place une législation de l'internement fondée sur une loi des suspects, et que s'opèrent deux séries massives d'internements.