L'histoire de la peine de mort
De la potence à la guillotine et du bûcher à la chaise électrique, la peine de mort est d'abord un rituel, que nul « progrès » technique n'a réussi à désacraliser tout à fait. Qu'il se célèbre maintenant dans une paradoxale clandestinité n'y change rien. L'homme foudroyé ou coupé en deux continue à exercer cette fascination, complaisante ou révulsée, qui a si longtemps aimanté les foules vers les hauts lieux où une société sacrifie ses moutons noirs.
A qui, à quoi, ce sacrifice ? Les citoyens de la Rome primitive consacraient dévotement à Cérès, déesse des moissons, le voleur de récoltes, qu'ils laissaient agoniser sur un tronc d'arbre stérile, et ils jetaient dans le Tibre, en hommage au dieu du fleuve, les meurtriers préalablement enfermés dans un sac avec un coq, une vipère et un chat. Moins pieux mais plus raffinés, leurs descendants imaginèrent entre autres, sous l'Empire, de se donner à eux-mêmes le plaisir de la peine; la mort-spectacle. Peine de mort, fête de mort où l'on guette, du haut des gradins, les condamnés - comme les gladiateurs[1] - qui s'entretuent ou le bond de la panthère sur l'homme épouvanté.