Marcel Detienne et les dieux grecs
Le Collège de France, frileux, n'a pas voulu de lui : trop peu conformiste et trop peu respectueux des pensées établies, Marcel Détienne a pourtant bâti, au fil des ans, une œuvre immense. Une somme sur le système mythologique des anciens Grecs. Il publie aujourd'hui un portrait d'Apollon, fort peu académique.
Marcel Détienne l'écrit d'emblée : «Apollon, voilà un dieu qui ennuie ou qui fait peur. Aujourd'hui son seul nom fait bâiller une classe entière. » De fresques en tableaux et nobles statues, le conducteur du Soleil, seigneur des neuf Muses, qui compte aussi parmi ses attributions la divination et la guérison, semble en effet bien académique, même si l'on sait, par les poètes, que sa puissance lumineuse « avance comme la nuit », et par Homère qu'il décoche froidement ses flèches mortelles.
Avec Marcel Détienne, le portrait bouge. Après s'être attaché, notamment, aux figures de Dionysos, divinité de la vigne, du vin et de l'ivresse, ou d'Orphée qui charmait les mortels et apprivoisait même les fauves avec le son de sa lyre, ce théologien du polythéisme nous présente désormais son livre Apollon, le couteau à la main..