Pourquoi l'école de Jules Ferry divise la France
Depuis près de deux siècles, l'école est au centre des passions françaises. L'échec de la «loi Savary», en 1984, laissait penser que les Français avaient définitivement clos cette querelle. Pourtant, l'«affaire des foulards islamiques de Creil» l'a récemment rallumée. Voilà pourquoi nous avons demandé à Mono Ozouf de retracer les difficiles rapports que les Français entretiennent avec leur école depuis la Révolution. Nombre d'idées reçues sont remises ici à leur place: l'alphabétisation n'a pas commencé avec la République; Jules Ferry n'a pas inventé l'école pour tous; une redéfinition de la laïcité est indispensable, etc. Une mise au point capitale.
Depuis près de deux siècles, l'école est au centre des passions françaises. L'échec de la « loi Savary », provoqué par les grandes manifestations de l'été 1984, laissait penser que les Français avaient définitivement clos la querelle scolaire qui opposait les partisans de l'école « libre » à ceux d'un « grand service public unifié » ; en un mot, l'Église catholique à l'État laïque. Mais très récemment, l'« affaire des foulards de Creil » a remis l'école à l'ordre du jour (cf. L'Histoire n° 128, p. 88). Le modèle de l'école à la Jules Ferry allait-il être rejeté ? Allait-on abandonner la neutralité et la fonction intégratrice de l'instruction publique ? Soyons clairs : au-delà de cette polémique se profile la question de l'assimilation des étrangers.