Saint Michel ne se rend jamais !
En 1425, en pleine guerre de Cent Ans, le mont Saint-Michel résiste vaillamment aux assauts des Anglais. Un épisode héroïque qui confirme la fortune de l'archange, successeur de saint Denis à la place de premier protecteur du royaume. Et qui explique peut-être que, la même année, sa voix, avec quelques autres, ait convaincu Jeanne de prendre les armes pour sauver son roi.
En marge du royaume, au péril des flots, du brouillard et du vent, les hommes avaient élevé dès le vir siècle une abbaye des plus illustres, sise aux limites de l'Occident. Sur cette montagne sacrée, jadis, saint Michel, l'archange de lumière, le chef des légions célestes opposées aux démons, avait triomphé du mal et des ténèbres. La prière des moines y rythmait, depuis, l'ordre du monde. Les hasards de la géographie avaient fait du très saint rocher, espoir de tant de pèlerins, une frontière en même temps qu'une citadelle naturelle quasi imprenable. La Bretagne s'y séparait de la Normandie depuis le Xe siècle. En 1204, la Normandie devint française et le mont bastion avancé du royaume face à l'Angleterre. Les flèches de pierre se virent alors cernées de remparts puissants et de bastions et, vers 1335, une garnison royale, commandée par un capitaine, s'y installa.