Il y a cent ans, le prix Goncourt couronnait pour la première fois un écrivain noir, René Maran. Ce qui ne manqua pas de faire scandale dans une France encore à la tête d'un empire colonial.
C'est finalement le Front populaire qui met fin à la transportation par un décret loi de juin 1938. Le bagne est devenu une affaire coloniale. Mais le dernier retour ne se fera qu'en août 1953.
Entre 1858 et 1907, environ 900 femmes partirent en Guyane. Aux transportées « volontaires », on promettait un mari et une concession. Les reléguées, elles, n'eurent pas le choix. Toutes trouvèrent la misère, la prostitution et une mort précoce.
Sur la rive droite du Maroni, Saint-Laurent est la « capitale » du bagne. Chaque forçat doit y trouver sa place, selon le travail qu'il effectue et le rôle qu'il tient dans cette société à part. Mais pour tous, c'est une vie à la fois dérisoire et tragique.
Aujourd'hui Kourou, ce sont les fusées Ariane. En 1763, la France voulait en faire la rivale de New York.
Devenue officiellement terre française il y a quatre siècles, la Guyane a révélé ses richesses à l'occasion d'un grand voyage scientifique mené par La Condamine en 1744. La découverte d'une terre dont l'intérêt stratégique ne s'est jamais démenti.
Dès 1852, les condamnés de droit commun prennent le chemin de la Guyane. Sous le prétexte de mettre en valeur la colonie, il s'agit en fait d'exclure définitivement les indésirables sociaux. Une pratique qui durera près d'un siècle.
« Transportés », « relégués » ou « déportés », ils furent près de 70000 pendant presque un siècle à subir leur peine dans les pénitenciers de Guyane. Terrible univers de répression, dérisoire instrument de colonisation, le bagne est aussi l'histoire d'une tragédie humaine.
