Un mystère de l'art dévoilé : le sang du christ et le fruit de la vigne
« Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. » Cette phrase des Évangiles a permis, au XIVe siècle, Vémergence d'un curieux culte du Christ, que l'on trouve représenté sur nombre de tableaux de la Renaissance. L'image est celle du Pressoir mystique : le Christ foule aux pieds du raisin, et des blessures que son corps a subies, lors de la Passion, coule son sang qui se mêle au vin jaillissant des grappes. Voici l'interprétation - plutôt l'enquête policière - de Jacques Le Goff, à la lumière d'un récent colloque*.
Du xiv au XVIIe siècle, le thème iconographique du Pressoir mystique a connu une grande fortune dans l'art chrétien. De quoi s'agit-il ? D'une représentation particulière du Christ : celui-ci foule aux pieds du raisin dont jaillit du vin ; il est lui-même comprimé par un pressoir à vin, et des blessures que son corps a subies lors de la Passion coule son sang qui se mêle au vin des grappes qu'il écrase. Quel sens faut-il donner à cette image ? Le sacrifice sanglant de Jésus produit un aliment de vie - le liquide régénérateur du sang et du vin, assimilés l'un à l'autre.
Cette image du Pressoir mystique s'inspire de trois textes principaux - deux passages du livre d'haïe et un de l'Apocalypse. On trouve en effet dans Isaïe (LXIII, 2-3) ce dialogue : « Pourquoi ce rouge à tes habits ? Pourquoi ces vêtements comme fouleurs au pressoir ?