Théâtre et symbole de la confrontation entre l'Est et l'Ouest, Berlin est coupée en deux par la guerre froide. Un prodige d'absurdité d'où sont nées deux villes autonomes, vitrines des modèles occidental et soviétique.

L'Allemagne n'est pas née toute casquée de l'imagination de Bismarck. Au cours du xixe siècle, le sentiment national allemand s'affirme peu à peu, passionnel, romantique et souvent antifrançais. Cependant, en quelques années, le chancelier prussien a su se métamorphoser en héros de l'unité allemande. Grâce à une maîtrise consommée des rapports de force et de l'art du compromis.

«Démissionne» par l'empereur Guillaume II le 20 mars 1890, le chancelier Bismarck est l'objet d'un véritable culte après sa mort. Étrange apothéose, puisque Bismarck incarnait, dans une Allemagne conquérante et moderne, une Prusse terrienne, conservatrice et protestante. Autrement dit, un monde en voie de disparition.

A l'instar de Charkmagne, Napoléon a rêvé une Europe unie, découpée et administrée «à la française». Même après l'effondrement de l'Empire, les provinces conquises en conserveront des traces durables. Structures politiques modifiées, constitutions inspirées de la Révolution, fiscalité moderne, adoption du Code civil, égalité des citoyens, abolition des discriminations, etc. Mais aussi sentiments antifrançais !

Parce qu 'il était le constructeur de la nation allemande, Frédéric II de Prusse (1740-1786) était vénéré par Hitler et les nazis. Pour cette raison, il connut la disgrâce après 1945. Allemands de l'Ouest et de l'Est se disputent aujourd'hui sa mémoire. Pourquoi sort-il de son purgatoire?

Depuis l'été 1986, la polémique fait rage du côté des historiens allemands. Faut-il, pour réconcilier VAllemagne avec son passé, accepter de relativiser le génocide hitlérien et donc de déculpabiliser la conscience de la nation ? L'enjeu dépasse, et de loin, le cercle des seuls spécialistes.

Une passionnante enquête orale, limitée à deux cents ouvriers et employés de la Ruhr, révèle à quel point le nazisme avait fasciné la jeunesse. Parce qu'il la libérait du conformisme social.

Depuis sa première apparition sur la scène publique en 1517 jusqu'aux commémorations, cette année, en l'honneur du cinquième centenaire de sa naissance, la figure de Luther n'a cessé de fasciner les Allemands. N'est-il pas, selon Thomas Mann, « l'incarnation gigantesque du génie allemand » ?

Pour légitimer un régime politique et pour fabriquer un sentiment national, rien de mieux, aujourd'hui, que les historiens de la République démocratique allemande