Jean-Jacques Marie

Il n'y a plus d'histoire en Russie...

Des atlas inutilisables depuis l'éclatement de l'URSS, des manuels scolaires qui font encore écho à l'idéologie officielle du stalinisme, une formidable crise de l'édition qui interdit toute publication sérieuse, une vente « sauvage » d'archives secrètes... Autant d'écueils pour les professeurs d'histoire russes dont la tâche est désormais presque impossible.

Khrouchtchev ou la carrière d'un apparatchik

L'URSS est morte. Qui lui a porte le premier coup ? On a souvent fait de Nikita Khrouchtchev, ce successeur iconoclaste de Staline, l'artisan du « dégel » dans les relations internationales, le précurseur de Gorbatchev et, finalement, le premier « réformateur » du système soviétique. Mais Nikita Khrouchtchev, c'était aussi l'homme des projets économiques délirants, celui qui, lors de la crise de Cuba, mit le monde au bord du gouffre. C'était enfin. et avant tout, un apparatchik modèle, dont la fidélité au Parti permit l'extraordinaire ascension.

Le dernier survivant de Cronstadt

Il y a soixante-dix ans, en mars 1921, les marins, soldats et ouvriers soviétiques de Cronstadt, port militaire sur la Baltique, se révoltent contre le gouvernement révolutionnaire. Malgré l'échec final du soulèvement, les bolcheviks durent changer de cap. Le dernier survivant de cette insurrection provoquée par la famine vient de publier ses Mémoires en Union soviétique. Jean-Jacques Marie les a lus pour nous.

Beria et la terreur stalinienne

Dénonciations mensongères, exécutions sommaires, déportations massives... La carrière de Lavrenti Beria, chef de la police politique soviétique de 1938 à 1953, illustre parfaitement le mode de fonctionnement du système répressif stalinien. Des dossiers, désormais accessibles aux historiens, permettent de dissiper le mystère sur la carrière et l'ascension de celui qui apparaissait, en 1953, comme le successeur naturel de Staline.

Révélation soviétique sur l'affaire Lyssenko

L'affaire Lyssenko semble bien connue. Plus personne n ignore le charlatanisme de ce président de l'Académie des sciences agronomiques de l'URSS qui proposait de transformer le blé en seigle, l'orge en avoine ou les choux en raves. Reste que l'ascension de ce «savant» comportait encore des zones d'ombre. Perestroïka oblige, les archives soviétiques s'entrouvrent enfin. Et les ressorts profonds du succès de Lyssenko dans l'URSS de Staline apparaissent en pleine lumière.

Staline sous Gorbatchev

Est-ce la fin de l'histoire officielle? Les articles et les livres sur Staline se multiplient en Union soviétique. On y aborde des questions surprenantes pour l'URSS : Staline était-il un agent de la police tsariste? A-t-il, oui ou non, commandité l'assassinat de Kirov qui servit de prétexte aux grands procès de Moscou? Jusqu'à quel point les délires d'un paranoïaque ont-ils pu être concrétisés ? Jean-Jacques Marie a eu accès aux publications soviétiques les plus récentes. Les documents consultés renvoient une image ahurissante de la personnalité du « Petit Père des Peuples » - que l'on croyait pourtant bien connaître!

Ces historiens soviétiques qui ébranlent l'URSS

Le mythe soviétique, qui a définitivement volé en éclats en Occident après la publication de L'Archipel du Goulag de Soljénitsyne, est en passe de se décomposer aussi en URSS sous l'effet de la glasnost. Déjà en 1956, le Rapport secret de Nikita Khrouchtchev avait levé le voile sur les crimes de Staline. Loin d'être le héros homérique du socialisme, qu'un culte de la personnalité rien moins que marxiste avait rendu quasi immortel, Staline était dénoncé comme un dangereux paranoïaque, qui avait failli livrer le pays à Hitler par ses inconséquences et ses obsessions. Cependant, il était difficile pour la Nomenklatura - composée des anciens compagnons du « père des peuples » - de pousser la logique de la déstalinisation à terme : tous les privilèges établis risquaient d'être ébranlés. Le « dégel » ne dura que quelques années. Une « reglaciation » lui succéda, sur laquelle le nom de Brejnev agit comme un anticyclone stabilisé. Cette période de « stagnation », Gorbatchev a voulu la dépasser. Les raisons d'ordre économique sont à l'origine des nouvelles réformes. Les lourdeurs funestes de l'organisation bureaucratique, les freins d'une idéocratie sans opposition, les ravages de la corruption, les dysfonctionnements multiples d'un étatisme étouffant, tout cela a rendu la vie quotidienne en URSS insupportable, tandis qu'à terme le pays risquait de connaître une crise générale à la polonaise. Mais redonner de la souplesse à une économie sclérosée ne va pas de soi. Les mentalités doivent, elles aussi, changer. La perestroïka n'a de chance de réussir que si, dans la « superstructure » idéologique, on révise quelques dogmes néfastes. Dans cette révision, l'histoire joue un grand rôle. Sa fonction idéologique, là-bas, l'a toujours emporté sur ses objectifs scientifiques. Les manipulations qu'elle a subies depuis Lénine sont dignes du 1984 d'Orwell. Les historiens n'étaient pas des savants, dans la définition occidentale du terme, c'est-à-dire des chercheurs libres, mais des instruments intellectuels du pouvoir. Dans la glasnost, il n'est pas sûr que cette fonction idéologique soit liquidée. Mais les besoins de la perestroïka vont dans le sens d'une « transparence » qui devrait profiter, en fin de compte, à toute la discipline historienne. Jean-Jacques Marie, à qui l'on doit plusieurs ouvrages sur l'histoire de l'URSS - en particulier une étude sur Staline - lors d'un récent voyage à Moscou s'est entretenu avec louri Afanassiev, un des plus éminents « rénovateurs », ce qu'il rapporte de ce voyage en dit long sur le remue-ménage actuel.

URSS : révélations sur le « complot des blouses blanches »

L'«affaire des blouses blanches», en 1953, est la dernière folle et sanglante mise en scène de Staline, qui stupéfie le monde. Sont visés par ce «complot» : des médecins- juifs pour la plupart-, les Juifs en général, et d'autres milieux encore. Les révélations du dernier survivant de ce «complot», Jacob Rapaport, ainsi que des documents publiés en URSS au cours de ces derniers mois, confirment et montrent l'ampleur de la purge qui se préparait alors. Staline est mort à temps...