Historiographie

Vive la biographie !

Guettez, sœur Anne, guettez, Clio : les verrons-nous enfin venir, ces biographies de nos grands hommes publics qui si cruellement nous manquent ? Les historiens français vont-ils comprendre enfin que pour l'intelligence de notre temps le prix en serait considérable ? Jean-Noël Jeanneney lance, dans L'Histoire, un appel.

Historiens, à vos micros ! Le document oral, une nouvelle source pour l'histoire

Les entreprises d'histoire orale se multiplient en effet depuis quelques années ; L'Histoire a commencé, avec les souvenirs de Jacques Millerand (n° 8, janvier 1979) recueillis par Jean-Noël Jeanneney, et de Pépé Gavet (n° 10, mars 1979) présentés par Emmanuel Le Roy Ladurie, de leur donner la place qui leur revient. Philippe Joutard expose ici dans quelles conditions est née cette nouvelle technique historique, quels sont ses développements actuels, quels problèmes méthodologiques elle pose.

La nouvelle histoire

Trois livres de la cuvée 1978, dont nous parlons ci-dessous, témoignent, chacun à sa façon, des ouvertures nouvelles de l'histoire. Dans un dictionnaire encyclopédique, Jacques Le Goff, aidé de ses coauteurs, tous proches ou représentants de « l'école des Annales », aligne, sous une forme volontairement didactique, les points forts de ce qu'il appelle La Nouvelle Histoire. L'Histoire quantitative histoire sérielle de Pierre Chaunu en est, dans un domaine précis, une belle illustration. Ce n'est pas exactement dans cette lignée que s'inscrit Penser la Révolution française de François Furet. Les historiens des Annales, en s'affirmant face à l'histoire « événementielle », en sont venus à négliger souvent l'histoire politique. Or F. Furet, attentif tout à la fois à la continuité (ce qui dure à travers et sous l'éruption révolutionnaire) mais aussi à la rupture (car il y a bien un avant et un après 1789), dérange notre vision apprise de la Révolution, tout en illustrant la fécondité d'une histoire politique qui repense « l'événement » sans s'y laisser enfermer.