Occupation

Les rutabagas sont arrivés

Après le grand éparpillement de l'exode, les Français sont rentrés chez eux. La vie reprend, d'autant plus difficile que les prélèvements des «Chleuhs» épuisent les ressources du pays. Dans les villes on manque de tout : pain frais, beurre, viande, charbon et essence sont rationnés. Le vélo devient le roi des transports et le rutabaga celui du repas quotidien. Pour survivre, on improvise grâce au «système D» et au marché noir. Et l'hiver s'annonce particulièrement rude.

La guerre des propagandes

En décembre 1940, la propagande allemande a gagné sur tous les tableaux. La presse, l'édition, la radio et le cinéma français semblent littéralement s'épanouir sous la botte ! Mieux : l'occupant parvient à donner l'illusion que cette renaissance culturelle a lieu dans un pays libre. Ce calcul se révèle parfaitemen t cynique. En laissant croire aux créateurs qu'ils demeurent les seuls maîtres de leurs œuvres, les Allemands conquièrent une influence sans partage sur la culture française.

Le phénomène Amouroux

Huit volumes parus depuis 1911 - le neuvième tome en préparation doit clore la série -, près de cinq mille pages et un million huit cent mille exemplaires déjà vendus au total: le succès de La Grande Histoire des Français sous l'Occupation écrite par Henri Amouroux, éditée par Robert Laffont, en fait plus qu'une simple «saga» historique. L'Histoire s'est interrogée sur ce phénomène né autour d'un auteur à la méthode originale. Nous avons d'abord demandé à Philippe Burrin d'analyser le «cas» Amouroux et sa signification. Puis nous sommes allés voir Henri Amouroux qui nous a conhe les secrets d une indéniable réussite. Gageons que le débat ne sera pas clos pour autant. Nous le reprendrons lors des rencontres organisées par France Culture, L'Événement du Jeudi et L'Histoire à Montpellier, du 11 au 21 juillet prochain, sur l'année 1940 en France, autour du thème: «1939, cinquante ans après: pourquoi la guerre nous hante» (cf. p. 77).

Les « années sombres » à la vidéothèque de Paris

Après une série de cycles sur la «IIIe République», «Paris la nuit», «Paris Mai-68», etc., la Vidéothèque de Paris poursuit ses projections. C'est au tour des années quarante, de Munich à la Guerre froide (1938-1948), d'être présentes sur l'écran pendant quatre semaines, du 23 novembre au 20 décembre (cf. p. 87 à 92). Avec le concours de L'Histoire, cette fois, et celui de spécialistes tels Jean-Pierre Azéma et Henry Rousso*.

Lille, ville allemande

La «Grande Guerre» forme le chapitre le plus noir de l'histoire de Lille. Les Lillois ont vécu un drame où se mêlèrent l'humiliation, la faim, le dénuement, le chômage forcé, l'épidémie, la misère. En décembre 1918, Lille est une « cité de spectres aux visages terreux, une cité presque morte ».

Un SS nommé Barbie

Le procès Barbie devrait s'ouvrir dans les prochaines semaines. Pour savoir qui est l'homme que l'on jugera, L'Histoire a demandé à Jacques Delarue, ancien commissaire divisionnaire, de retracer la carrière de l'ancien SS. Sans cacher les complicités, les trahisons et les protections dont le détenu du fort AAontluc bénéficia jusqu'en février 1983.

Survivre

Trente-huit millions de Français n'ont été ni résistants ni collaborateurs. Amorphes ou veules, débrouillards ou sordides, héros ou salauds, quarante ans plus tard ces hommes et ces femmes n'ont toujours pas de statut historique très net. A tout le moins méritent-ils un regard sans préjugé et sans fanfare.

La bande bonny-lafont

Au sous-sol, on torture. Au rez-de-chaussée, on festoie. Au troisième, on déshabille prostituées et jolies femmes. A tous les étages, la corruption, la délation, la forfaiture et la trahison. Cétait, rue Lauriston, l'abject repaire de la bande Bonny-Lafont. Le dossier judiciaire que Jacques Delarue a pu consulter en donne une vision saisissante.

Collaborer

« Tous collabos ! » Au-delà de ce cliché facile, Henry Rousso a voulu savoir ce que « collaborer » voulait dire. Il a découvert une attitude aux motivations multiples et parfois contradictoires. En tout cas, collaborer impliquait l'acceptation de la défaite de la France, voire la victoire définitive de l'Allemagne.

Lyon, capitale de la résistance

Métropole de la zone libre, Lyon devient rapidement le lieu où convergent tous les mouvements de résistance. C'est là aussi qu'ils s'unifieront. On y complote, on y pose les jalons de la société future... Jusqu'au jour où l'occupant fait irruption et sévit durement.