Faut-il souffrir pour être un homme ?
De la caserne à l'usine, du stade au bordel en passant par le pensionnat : apprendre à bomber le torse, à ne pas pleurer et à mépriser les femmes. On ne naît pas homme, on le devient.
De la caserne à l'usine, du stade au bordel en passant par le pensionnat : apprendre à bomber le torse, à ne pas pleurer et à mépriser les femmes. On ne naît pas homme, on le devient.
Au début du XIXe siècle, l'idéal de l'homme fort et viril est incarné par les artistes de foire ou les lutteurs à la musculature volumineuse. Un siècle plus tard, les athlètes des compétitions sportives, plus fins et plus longilignes, sont les nouveaux champions des temps modernes. L'énergie a remplacé la force.
Au bagne comme à la chasse, les colons apprennent à être des hommes car la colonisation fut aussi une vaste entreprise virile.
En crise, la virilité ? Il est vrai que ses deux sources, la guerre et la domination sexuelle, sont en voie de tarissement.
Virilité, soumission des femmes... La Grèce ancienne a valorisé un modèle de comportements sexuels. Qui avait peu à voir avec la pratique. C'est du moins ce que soutenait John J. Winkler en 1990 dans un ouvrage enfin traduit*.
Le passage à l'âge adulte est toujours considéré comme un moment clé de l'existence. Sous la République romaine, il fait l'objet de rites initiatiques dont le sens se perd dans l'histoire la plus ancienne. Décryptage.
Des nobles portant rubans, des abbés travestis en femmes, des philosophes qui pleurent : au XVIIe-XVIIIe siècle, à la Cour et à la ville, les frontières entre les sexes se brouillent.
Ascétisme, rationalité, esprit de compétition : telles sont les valeurs qui définissent les universitaires et leurs étudiants au Moyen Age. Un beau modèle d'homme, à côté de ceux du prêtre et du chevalier.
La caricature a fleuri au début du XXe siècle, et elle est tenace : l'homosexuel est un être efféminé. Un cliché qui sera largement utilisé à des fins politiques.
C'est au XIXe siècle que s'invente la virilité telle qu'elle est définie traditionnellement. L'école, la caserne, le café, le stade : autant de lieux où se « fabriquent » les hommes. Un modèle mis à mal depuis une trentaine d'années.
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