Annette Wieviorka

Hannah Arendt : la controverse à l'écran

Le dernier film de la cinéaste allemande Margarethe von Trotta, qui sort en France le 24 avril, retrace un moment fort de la vie de la philosophe Hannah Arendt. Après avoir suivi le procès d'Adolf Eichmann en 1961, celle-ci publie en 1963 cinq articles dans le New Yorker, qui constituent son Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. Les réactions que provoquent ces publications sont d'une grande violence. L'historienne Annette Wieviorka a vu le film pour nous : à travers son regard se dégage une critique actuelle de la pertinence de cette notion de « banalité du mal ». C'est que, comme en témoigne le film, le débat entamé avec fracas par l'ouvrage d'Hannah Arendt reste ouvert.

Charlotte Delbo, la voix d'une revenante

Le 24 janvier 1943, 230 Françaises, pour beaucoup communistes, sont déportées à Auschwitz ; 49 en reviendront. Parmi elles, Charlotte Delbo, 29 ans, l'assistante de Louis Jouvet, entrée en Résistance. De ces vingt-sept mois, elle a tiré une « oeuvre-témoignage » puissante où l'on comprend que seule la solidarité avec ses compagnes de misère lui a permis de survivre. On célèbre cette année le centenaire de sa naissance.

Le procès qui fait entrer la Shoah dans l'histoire

Il y eut un avant et un après : le procès Eichmann joua un rôle décisif dans la prise de conscience du génocide. Il créa une demande sociale de témoignage et installa la Shoah dans l'espace public. D'abord en Israël, aux États-Unis, en République fédérale d'Allemagne ; en France plus tardivement.