Comment l'Église est devenue catholique
En trois siècles, lentement et progressivement, le christianisme, éclaté et pluriel, s'est doté d'une doctrine unitaire. Avec une grande ambition : devenir universelle, « catholique ».
En trois siècles, lentement et progressivement, le christianisme, éclaté et pluriel, s'est doté d'une doctrine unitaire. Avec une grande ambition : devenir universelle, « catholique ».
« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! » La formule est connue ; elle aurait été prononcée lors du siège de Béziers en 1209. Récit de vingt ans d'une guerre sanglante. Ouverte au prix de l'invention d'un ennemi.
A la suite du riche Lyonnais Valdès, mort au début du XIIIe siècle, se regroupent quelques laïcs, qui entendent vivre comme le Christ, pauvrement et en prêchant. D'abord acceptés par l'Église, ils sont bientôt pris pour des hérétiques. Pourquoi ?
On en a longtemps été convaincu : il y eut dans la région d'Albi au XIIe siècle une grande vague hérétique, peut-être venue d'Orient. Ces « cathares » dissidents furent pour beaucoup anéantis par la croisade avant que les survivants soient persécutés par l'Inquisition. Les choses sont peut-être un peu moins simples. Le grand historien anglais Robert I. Moore nous montre avec force comment l'Église a fabriqué l'hérésie.
Pour saint Bernard, action politique et action religieuse ne font qu'un. Au détriment de ses voeux monastiques, l'abbé de Clairvaux est parti à l'assaut de la société du XIIe siècle. Croisade, lutte contre l'hérésie, dénonciation de la corruption des prêtres : il est sur tous les fronts.
Il est devenu un mythe : Galileo Galilei, l'homme qui a révolutionné l'astronomie en prouvant que la Terre tournait autour du Soleil. On s'interroge encore sur les raisons du procès que lui fit l'Église. Un procès qui allait en tout cas fixer pour longtemps le cadre de travail des savants européens.
Au Moyen Age, être chrétien n'est pas un choix. L'Église est devenue la puissance dominante d'Occident. Elle organise l'ensemble de la vie sociale. Au point que nul ne peut s'y soustraire sans risque.
Aveux forcés, excommunications, accusations délirantes portées contre les dissidents : le Parti communiste, en Union soviétique comme en France, a eu ses « hérétiques ». Que vaut l'analogie ?
Qu’est-ce que l’hérésie ? Michel Tardieu, professeur au Collège de France, nous explique qu’un extraordinaire bouillonnement intellectuel accompagne les débuts du christianisme. Dans les premières communautés, les débats sur la nouvelle religion sont incessants : quelle est la nature du Christ ? Que faire de la Bible juive ? Qu’est-ce que l’Esprit saint ? Très vite, les déviants sont désignés comme « hérétiques ».
La contestation renaît parmi les chrétiens à la fin du Xe siècle : elle vise d'abord les clercs et les évêques compromis avec leur temps, mariés, corrompus... Les nouveaux hérétiques voudraient restaurer l'Église primitive dans toute sa pureté. Ils le paieront cher.
En poursuivant votre navigation sur les sites du groupe Sophia Publications, vous acceptez l'utilisation des cookies permettant de vous proposer des services et contenus personnalisés.