Historiographie

L'éternel retour des Gaulois

Pauvres Gaulois ! Ils suscitent toujours les mêmes clichés et les mêmes polémiques. Et lorsqu 'on fait appel à eux, c'est pour revendiquer 1'Alsace-Lorraine ou pour appeler à l'Union sacrée ! Où sont passés les vrais Gaulois dans tout cela ? Certes, ils ne nous ont pas laissé des textes qui permettraient de faire leur histoire. Le renouveau, alors, viendra-t-il de l'archéologie ?

La France, berceau de l'idéologie fasciste ?

La France est-elle le berceau intellectuel du fascisme ? Dans Ni Droite ni Gauche (Le Seuil, 1983 ; rééd. Complexe, 1987), l'historien israélien Zeev Sternhell développait avec force une thèse originale : c'est dans la France des années 1890 qu'il faut chercher les racines idéologiques du fascisme. Dès sa publication, l'ouvrage avait suscité de violentes polémiques et même un procès en diffamation (cf. L'Histoire n° 61, p. 112, et n° 68, p. 98). Dans nos colonnes (L'Histoire n° 105, p. 78), Philippe Burrin, auteur de La Dérive fasciste (Le Seuil, 1986), soutenait récemment une thèse contraire. Zeev Sternhell publiera bientôt chez Fayard un nouvel ouvrage sur la Naissance de l'idéologie fasciste. Ici, il persiste et signe*. Nous ne manquerons pas de poursuivre ce débat avec Pierre Milza, qui vient d'écrire Fascisme français. Passé et Présent (Flammarion).

Espionnage : des méthodes éternelles...

Adjoint de Mao... Faux converti au catholicisme ou capucin sournois, grande dame et petite vertu, on trouve de tout dans les services de renseignement. Et la race obstinée des espions doubles ou triples se reproduit au cours des millénaires sans qu'on en voie poindre l'extinction. Telle est la conviction que l'on retire à la lecture des derniers livres parus sur l'espionnage.

Rome : la chute de la royauté

Une fille dénaturée qui assassine époux et père pour hisser son beau-frère sur le trône. Une femme vertueuse, Lucrèce, que Von viole. Brutus qui se venge, renverse le tyran et établit la République... La valeur historique des récits de ces événements faits par les auteurs anciens est suspecte. Paul M. Martin, lui, ne voit dans la chute de la royauté en 509 av. J.-C. qu'une « révolution de palais ».

La négation du génocide juif

Les « négationnistes » français persistent à nier non seulement l'existence des chambres à gaz mais la réalité du génocide juif. Même s'ils sont aujourd'hui plus habiles à profiter des médias, les négationnistes n'ont, sur le fond, guère renouvelé un genre qui puise sa substance chez les nazis eux-mêmes et chez un personnage à l'itinéraire tortueux: Paul Rassinier. Pourquoi, alors, ont-ils déclenché une telle polémique à partir de 1980 ? Pourquoi leurs congénères américains n'ont-ils, eux, jamais obtenu une telle audience ?

Des galères du roi à l'ordinateur

L'ordinateur va-t-il transformer le travail de 1 historien ? Introduit-il de nouvelles approches, une nouvelle méthode ? Dans un ouvrage récent, André Zysberg nous emmène sur la piste informatique des galériens du roi de France. B nous a raconté son « aventure ».

La révolution russe est-elle soluble dans l'empire romain ?

Quand l'historien russe de l'Empire romain, Rostovtseff, publie sa monumentale « Histoire économique et sociale » - que les éditions Robert Laffont vont reprendre en 1988* -, il pense en réalité à la Révolution bolchevique qu'il a fuie en 1918. L'érudition dissimule chez lui les engagements contemporains.

Allemagne : la «révision» du nazisme

Depuis l'été 1986, la polémique fait rage du côté des historiens allemands. Faut-il, pour réconcilier VAllemagne avec son passé, accepter de relativiser le génocide hitlérien et donc de déculpabiliser la conscience de la nation ? L'enjeu dépasse, et de loin, le cercle des seuls spécialistes.

Louis xiv et vingt millions de français

Le « Louis XIV » de François Bluche met en évidence le grand succès de la biographie, et traduit d'une manière incontestable l'effacement de la « Nouvelle histoire ». Pour François Lebrun, il serait navrant que ce retour de la tradition supplante une École qui a sorti de l'oubli les vrais acteurs du passé*.