Qu'est-ce donc que cette nostalgie dont mouraient par centaines les soldats des guerres napoléoniennes ou de la guerre d'Algérie ? Cette « maladie » nous en dit long sur l'histoire de la médecine, de la guerre mais aussi des sensibilités.

L'exposition du Grand Palais nous le prouve : au-delà du fil ténu mais solide qui les relie entre elles, toutes les représentations de la mélancolie sont filles de leur temps. Celle de Lucas Cranach, inspirée sans doute par Luther, est sous le signe de Satan*.

Héritiers de la science antique, les médecins de la fin du Moyen Age attribuent la tristesse et l'angoisse à l'action de la bile noire. Imprégnant le cerveau, obscurcissant l'âme, elle provoque chez les mélancoliques de terrifiantes hallucinations...

Qu’arrive-t-il aux écrivains des années 1830 ? Livrés au désespoir, à l’ennui, à la fatigue de vivre, les romantiques inventent le « mal du siècle ». Enquête sur un étrange malaise.

La dépression est devenue un phénomène de société. Pourtant, jusqu'aux années 1960, les psychiatres ne s'en souciaient guère : ils y voyaient à peine une maladie. Comment expliquer ce retournement ?

Dès les débuts du christianisme, les moines ont été confrontés à un mal qui les saisissait de dégoût contre leur existence. Une forme de tristesse dans laquelle ils ont identifié un péché. La lutte contre ce péché traverse tout le Moyen Age.

Quand Albrecht Dürer, peintre génial de la Renaissance, grave la « Mélancolie », il figure un autoportrait de l’artiste en proie à l’inquiétude et au tourment.

Pour Élisabeth Roudinesco, ni la mélancolie ni la tristesse ne sont des maladies. Elle dénonce la réduction de l’être humain à des processus chimiques et à des neurones. Et l’illusion selon laquelle on pourrait guérir de tout.

Tous les hommes exceptionnels sont mélancoliques : c'est la thèse de cette étude monumentale à trois voix. Qui embrasse l'ensemble de la civilisation occidentale.

Comment appréhender ce que fut la pratique du suicide à l'époque médiévale ? L'Église a-t-elle toujours eu, à l'égard des « désespérés », la rigueur qu'on lui prête généralement ? Les réponses d'Alexander Murray, professeur à l'University Collège d'Oxford, qui prépare un ouvrage sur le suicide au Moyen Age.