Jean-Pierre Rioux

L'impératif culturel

«Je propose aux Français d'être avec moi les inventeurs d'une culture » : en 1981, ni François Mitterrand ni son ministre Jack Lang ne manquaient d'ambition. De fait, du théâtre à la lecture, en passant par les grands travaux du président, des initiatives tous azimuts placent la décennie passée sous le signe du «développement culturel ». Pourtant, le bilan n'est pas exempt d'échecs.

Les Français et la mémoire de l'Algérie

Quels sont les sentiments des Français, près de trente ans après la fin de la guerre, à l'égard de l'Algérie - de l'Algérie française puis de l'Algérie indépendante ? Le sondage Louis Harris que nous avons réalisé montre sans ambages que nous sortons du temps des stéréotypes dont on nous a abreuvés pendant des années*.

Les paysages du général de Gaulle

En 1969, le général de Gaulle choisit la côte ouest de l'Irlande, un espace maritime à proximité de la forêt celtique, pour y fixer l'image de son départ... Le paysage gaullien de la «Personne France» est immémorial. Pétri des lectures de Michelet et de Barrés, le Général s'en inspirait avec un art consommé. Il savait lire les traces de l'histoire dans «une argile faite de douleurs» et éprouvait un plaisir presque charnel au spectacle de la nature champenoise.

Vidéothèque de Paris : de Gaulle à l'écran

De Gaulle vivant, les affaires de la France ne se cuisineront pas devant une caméra. Mais le Général apprécie le secours tactique du petit écran dont il connaît l'emprise nouvelle sur l'opinion. Des conférences de presse élyséennes aux actualités étrangères, en passant par les grandes séries consacrées à l'aventure gaullienne, la Vidéothèque de Paris et L'Histoire présentent entre le 26 juin et le 17 juillet 1990, une exceptionnelle rétrospective de quatre-vingts heures filmées sur «de Gaulle à l'écran» (ci. p. 53 à 56)*.

La bibliothèque idéale des historiens

L'Histoire et les éditions Albin Michel se sont associées pour une grande enquête menée auprès de 1 700 historiens français. Nous leur avons demandé de citer les livres qui les ont le plus influencés et qui ont pu déterminer leur vocation. La « bibliothèque idéale » qu'on trouvera ici est un choix sélectif d'ouvrages majeurs, le premier « hit-parade » des professionnels de l'histoire. Vainqueur incontestable de ce sondage : Fernand Braudel.

L'exode : un pays à la dérive

Les «évacués» n'oublieront jamais les images tragiques et affreusement banales de leur fuite éperdue devant les troupes allemandes. Dans cette France en état de liquéfaction, plus aucune autorité, civile ou militaire, n'a de prise sur les événements, et les élites font toutes faillite. Dès lors, faut-il s'étonner que la plupart des Français aient accepté à la fois un armistice et un maréchal de France qui s'érigeait en sauveur?

Les rutabagas sont arrivés

Après le grand éparpillement de l'exode, les Français sont rentrés chez eux. La vie reprend, d'autant plus difficile que les prélèvements des «Chleuhs» épuisent les ressources du pays. Dans les villes on manque de tout : pain frais, beurre, viande, charbon et essence sont rationnés. Le vélo devient le roi des transports et le rutabaga celui du repas quotidien. Pour survivre, on improvise grâce au «système D» et au marché noir. Et l'hiver s'annonce particulièrement rude.

Pour ou contre Napoléon

A l'heure du Bicentenaire, nous avons voulu savoir quelle place Napoléon occupe aujourd'hui dans la mémoire des Français. A-t-il, à leurs yeux, continué ou trahi les idéaux de la Révolution? Nous avons posé cette question, et d'autres, dans un sondage national réalisé par l'institut Louis Harris. A lire les réponses, on est tenté de croire que nos contemporains ont une idée très claire du souvenir que l'Empereur a laissé: pour l'essentiel, celui de ses guerres*!

L'aigle de légende

« On parlera de sa gloire/ Sous le chaume bien longtemps», chantait Béranger. Oui, la légende napoléonienne a la vie dure! Elle a ses héros, les grognards. Son évangile, le Mémorial de Sainte-Hélène. Son public, la France de la Restauration et de la monarchie de juillet. L'élection triomphale du neveu, en 1848, sera l'apothéose de l'oncle et, sans doute, le coup de chapeau au grand choc héroïque de 1789.