Le 14 juillet 1989, la parade de Jean-Paul Goude sur les Champs-Elysées remportait un immense succès populaire. La commémoration du bicentenaire de la Révolution réveilla pourtant des affrontements séculaires. Quelle part de l'héritage révolutionnaire l'ensemble des Français pouvait-il pleinement assumer ? Quel sens donner à cet événement fondateur ?
A travers l'exaltation des célébrations de 1998, le sens de l'édit de Nantes risque fort de se perdre dans un anachronique éloge de la tolérance. Comme souvent, le désir de commémorer aura précédé la réflexion sur la véritable portée de l'événement.
Il y a vingt ans, le spectacle du Puy-du-Fou, aujourd'hui célèbre dans le monde entier, naissait de l'imagination de Philippe de Villiers. Si l'aventure a pu prendre corps, c'est grâce à l'énergie et à la conviction des habitants de la région. Persuadés d'incarner l'« âme » vendéenne. Alors, « réactionnaire » le Puy- du-Fou ?
La Russie de Boris Eltsine a fête, en 1992, le sixième centenaire de la mort de Serge de Radonez, le plus grand saint du calendrier orthodoxe, fondateur du plus prestigieux monastère du pays. Une célébration qui était aussi une façon de rompre avec l'ère communiste. Et de renouer avec le patrimoine spirituel hérité de la Russie des tsars.
Le dépôt d'une gerbe présidentielle sur la tombe de Philippe Petain ou la querelle du « fichier juif» ont suscité de vives polémiques chez les historiens. Au cœur du débat, cette question : comment la république peut-elle assumer l'héritage de Vichy ?
Tout, dans le domaine historique ou culturel, est aujourd'hui prétexte à célébration et anniversaire. Ce triomphe de la mémoire s'effectue au détriment de la véritable histoire nationale. C'est ce qu'affirme Pierre Nora dans les trois derniers volumes de son œuvre monumentale*.
L'Europe va commémorer en grande pompe l'anniversaire de la découverte de l'Amérique. C'est l'occasion de poser une question iconoclaste: 1492 a-t-elle bien été l'année décisive que l'on croit ?
L année 1991 est, pour la Pologne, celle d'un bicentenaire: c'est en 1791 qu'a été adoptée la première constitution démocratique du pays. Cette fête nationale, célébrée avec éclat par le pouvoir, a été boudée par la population. Reste à savoir pourquoi... Au moment même où la Pologne se souvient qu'il y a dix ans, le 13 décembre 1981, le général Jaruzelski proclamait l'état de siège.
L'université de Bologne n a pas neuf cents ans. Mais qu'importe l'histoire! Comme en 1888, elle célèbre cette année avec éclat un centenaire supplémentaire. L'enjeu des commémorations n'est-il pas avant tout symbolique?
Pour clore ce numéro spécial de «L'Histoire», voici le «guide pratique» du Bicentenaire. Rencontres, expositions, publications, documents, controverses, manifestations, etc. Tout ce que vous voulez savoir sur la commémoration... un an à l'avance!