Fascisme

Pierre Milza, un Italien à Paris

Dans le monde du spectacle, il y avait Yves Montand - de son vrai nom Ivo Livi -, et Coluche, alias Michel Colucci. Chez les sportifs, il y a Michel Platini. Chez les artistes, le sculpteur César. Chez les écrivains, Cavanna. Et chez les historiens, bien sûr, Pierre Milza, qui publie cet automne un étonnant « Voyage en Ritalie ». Une monumentale histoire de l'immigration italienne en France.

Qu'est-ce que le fascisme ?

Quelles sont les conditions historiques et sociales qui ont présidé à la naissance du fascisme ? En quoi cette idéologie se distingue-t-elle des doctrines autoritaires qui l'ont précédée ? Le fascisme est-il exclusivement de droite ? Faut-il aujourd'hui craindre sa résurgence ? Sur tous ces points, Zeev Sternhell et Jacques Julliard ont des opinions divergentes.

Zeev Sternhell, l'Israélien qui réveille les passions françaises

Quand un professeur de Jérusalem entend démontrer que le fascisme a trouvé son meilleur terreau intellectuel dans la France des années 1900, le scandale éclate... En 1983, la thèse de Zeev Sternhell sur l'idéologie fasciste en France provoqua un tollé quasi général dans le petit monde de l'histoire des idées. Mais il en fallait plus pour intimider un officier de chars israélien né en Pologne, qui, enfant, parvint à échapper aux Soviétiques, aux nazis et... aux Polonais. Zeev Sternhell est convaincu que les Français ne se rendent pas compte «de la véritable nature et de l importance de leur pensée. Et cette figure marquante du pacifisme israélien n'a sans doute pas fini de lancer des débats.

Le coup de poignard italien

Pourquoi l'Italie est-elle entrée en guerre le 10 juin 1940? Cinquante ans après les faits, on sait que la responsabilité personnelle de Mussolini fut écrasante. Mais sa décision était aussi le fruit de la radicalisation du régime. Et le débat qui opposa, au sein du parti national fasciste, les champions de la neutralité aux bellicistes n'y changea rien. Au bout de la logique du fascisme, il y avait la guerre.

Mussolini et Hitler

Le nazisme est un phénomène unique. Même si Mussolini a longtemps servi de modèle à Hitler. La réalité, toutefois, n'est pas simple. Le fascisme italien emprunte aussi des traits à son homologue allemand.

Italie : la « révision » du fascisme

Mussolini? Les Italiens aimeraient tellement ne pas connaître! Ils ont mis entre parenthèses les vingt années noires et s'agitent furieusement dès qu'un auteur fait mine de les étudier. Renzo de Felice, le grand historien du fascisme, provoque un scandale en demandant qu'on rouvre le dossier de l'héritage fasciste afin d'éviter les jugements manichéens. Il crédite ainsi le régime de Mussolini d'initiatives constructives*.

Les « ensablés » d'Ethiopie

Qui pense encore aux «ensablés», ces héros fatigués de l'aventure italienne en Ethiopie? Pris dans les sables du désert, les derniers d'entre eux s'accrochent au souvenir de Mussolini. Le Duce leur avait promis un empire. Et les voilà réduits à la cloche africaine. Fabienne Le Houérou a rencontré ces vieillards, rares vestiges d'une brève occupation et d'une singulière épopée.

Le fascisme n'est pas une invention française

Dans un entretien accordé à L'Histoire (n° 108, p. 90), Zeev Sternhell étayait une nouvelle fois sa thèse sur les origines françaises du fascisme. Nous avons demandé à Pierre Milza (page de droite) ce qui l'opposait sur ce sujet à l'historien israélien. Professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, directeur du Centre d'histoire de l'Europe du XXe siècle à la Fondation nationale des Sciences politiques, Pierre Milza vient de publier Fascisme français. Passé et présent (Flammarion, 1987).

La France, berceau de l'idéologie fasciste ?

La France est-elle le berceau intellectuel du fascisme ? Dans Ni Droite ni Gauche (Le Seuil, 1983 ; rééd. Complexe, 1987), l'historien israélien Zeev Sternhell développait avec force une thèse originale : c'est dans la France des années 1890 qu'il faut chercher les racines idéologiques du fascisme. Dès sa publication, l'ouvrage avait suscité de violentes polémiques et même un procès en diffamation (cf. L'Histoire n° 61, p. 112, et n° 68, p. 98). Dans nos colonnes (L'Histoire n° 105, p. 78), Philippe Burrin, auteur de La Dérive fasciste (Le Seuil, 1986), soutenait récemment une thèse contraire. Zeev Sternhell publiera bientôt chez Fayard un nouvel ouvrage sur la Naissance de l'idéologie fasciste. Ici, il persiste et signe*. Nous ne manquerons pas de poursuivre ce débat avec Pierre Milza, qui vient d'écrire Fascisme français. Passé et Présent (Flammarion).

La paix inachevée

Après en avoir terminé avec la «der des der». Français, Allemands et la plupart des peuples d'Europe croyaient retrouver l'âge d'or de la Belle Époque. Quelle illusion ! Il leur fallut s'arranger des deuils, des destructions, de la chute des empires, du déclin de l'Europe et de l'aveuglement des hommes politiques. Accepter enfin l'amère vérité assénée par Valéry : «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles...».