En 1987, le criminel de guerre Klaus Barbie est juge a Lyon pour sa participation au génocide des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Un génocide dont l'histoire s'est écrite difficilement depuis 1945, avec des périodes d'accélération et des lenteurs. Et une attention portée tantôt aux victimes, tantôt aux bourreaux.
1986 : la catastrophe de Tchernobyl alerte durablement l'opinion sur les risques écologiques. Les historiens ont, quant à eux, appris que l'histoire des hommes ne peut se comprendre sans référence au rythme de la nature.
Le Code civil, la tour Eiffel, « La Marseillaise » : Pierre Nora invite les Français à revisiter les hauts lieux de la mémoire nationale.
1980 : Marguerite Yourcenar entre à l'Académie française. Un symbole et l'occasion pour les femmes de mesurer le chemin accompli dans la conquête de l'égalité. L'occasion aussi d'écrire leur histoire sans anachronismes ni ressentiment ? Pas si sûr... Dans la production des vingt dernières années, Mona Ozouf a reconnu des chefs-d'œuvre et épinglé quelques excès. Pour elle, le bilan est clair : les livres intelligents n'ont jamais séparé l'histoire des femmes de celle des hommes.
Écrit-on différemment l'histoire de l'URSS depuis l'effondrement du système soviétique ? Le chaos qui règne actuellement dans le pays est-il imputable au communisme, ou bien aux expériences réformatrices entreprises depuis 1991 ? Et quel est l'avenir de la Russie ? Nous avons posé ces questions à l'Américain Martin Malia, spécialiste de la révolution d'Octobre.
Dans notre numéro 7 80, Bernard Sergent prenait position dans le vieux débat sur l'origine des Étrusques : pour lui, il s'agissait bel et bien d'une population venue d'Asie Mineure. Dominique Briquet ne partage pas ce point de vue. S'interroger sur l'origine d'un peuple est d'ailleurs, selon lui, une question vaine.
Qui a écrit l'histoire de l'Affaire, et depuis quand ? Cette histoire a-t-elle été orientée par des présupposés, des parti-pris, des idées reçues ? Quel est l'apport des recherches les plus récentes sur le sujet ? Les réponses de Madeleine Rebérioux, historienne de la IIIe République et présidente de la Ligue des droits de l'homme, qui fut fondée en 1898 pour défendre Dreyfus.
Tout, dans le domaine historique ou culturel, est aujourd'hui prétexte à célébration et anniversaire. Ce triomphe de la mémoire s'effectue au détriment de la véritable histoire nationale. C'est ce qu'affirme Pierre Nora dans les trois derniers volumes de son œuvre monumentale*.
Nourris des théories nazies sur la supériorité de la «race aryenne», les tenants de la «nouvelle droite» utilisent l'idée indoeuropéenne à des fins politiques. Maurice Olender nous dit ici à travers quel réseau éditorial complexe se répand aujourd'hui une certaine idée indo-européenne, qui n'a plus rien à voir avec l'objectivité historique. Et d'autant moins qu'elle est défendue par ceux-là mêmes qui nient le génocide...
Faut-il, à partir de ressemblances entre les langues, conclure à l'existence d'une langue originelle, et d'un peuple qui fonderait l'identité de ses descendants ? L'archéologue Jean-Paul Démoule conteste ces présupposés. Et s'inquiète de leur exploitation politique.