Censure

La censure, ça sert a gagner la guerre

La guerre du Golfe a fait resurgir, au cœur de l'opinion française, un débat vieux de près d'un siècle: peut-on limiter la liberté de la presse dans une démocratie, au nom des impératifs militaires ? C'est en tout cas une mesure que tous les gouvernements français ont appliquée depuis qu'une loi du 4 août 1914 a établi cette mainmise sur l'information, pour des raisons de sécurité nationale.

Le Vatican, les papes et la censure

Depuis toujours la censure a été un moyen de protéger l'ordre établi des idées subversives. Le problème est encore plus aigu pour les religions. Car les vérités à protéger sont d'ordre surnaturel: les déformer, c'est donc commettre un sacrilège. On sait à quels excès peut conduire le zèle pour maintenir l'intégrité de la foi. Ce zèle de la censure religieuse, on le retrouve à l'œuvre, dès l'origine, dans la «mise à l'Index» par l'Eglise catholique d'écrits dits hérétiques ou douteux. Dans nos sociétés laïques d'aujourd'hui, la liberté est laissée à chacun de suivre ou non les avis de l'Eglise.

Rumeurs, bobards et propagande

Dès les premiers revers de nos armées et de nos alliés, la censure cisaille les informations et la presse commence à diffuser mensonges patriotiques et optimisme trompeur. Traitée comme une personne immature, la France fantasme et délire: bobards, racontars et bourrage de crâne s'emparent des imaginations.

Les peuples se souviennent toujours

A Varsovie, Moscou et Prague on emprisonne les historiens qui refusent d'écrire sous la dictée du pouvoir. A Buenos Aires, la junte militaire fait brûler des livres d'histoire*. Maître du présent, l'État totalitaire veut être aussi maître du passé. Il y eut des précédents: dès son avènement, Hitler fit réécrire les manuels scolaires allemands. Mais jamais l'État ne pourra imposer sa seule vision : il rencontrera toujours sur son chemin la mémoire collective insoumise. Et les historiens qui refusent le bon plaisir du prince.