Démocratie

La guerre est finie...

La guerre froide n'a vraiment pris fin qu'avec l'effondrement du mur de Berlin, en 1989. Et l'implosion de l'TJRSS. Dans ce duel de géants qui dura trois quarts de siècle, l'affrontement Staline-Truman de 1947 ne fut qu'un tournant. La révélation, à la face du monde, que le neutralisme était impossible, et qu'il fallait choisir son camp.

Les pouvoirs et la presse

Jean-Marie Colombani est le directeur du « Monde », prestigieux quotidien dont les rapports avec les instances économiques et politiques n'ont pas toujours été simples. Il expose ici sa philosophie de ce que doit être le métier de journaliste, dans une démocratie soumise à la fois à la pression du pouvoir et à celle des marchands.

A qui appartiennent les archives des présidents ?

Il y a un an disparaissait François Mitterrand. Depuis, les ouvrages de ses anciens collaborateurs ou de ses proches se sont succédé. Au mépris, souvent, de la loi sur la divulgation des secrets d'État. Mais que vaut une loi qui pénalise les historiens et favorise la prolifération des récits les plus contradictoires sur le passé récent de la république ? Une enquête de Daniel Bermond au cœur des archives des présidents disparus : de Gaulle, Pompidou et Mitterrand.

Une tragédie américaine

Au début du xixe siècle, les États-Unis offrent l'étrange spectacle d'une démocratie qui tolère l'esclavage : les Noirs qui ont abordé la « Terre promise » américaine y ont connu le malheur le plus extrême. Cette tragédie originelle pèse, aujourd'hui encore, sur le destin de leur communauté.

La maladie démocratique

La démocratie a t-elle un avenir ? Crise de confiance, crise des partis, crise de l'État, impasse des réformes... Les intérêts particuliers prennent le pas sur l'esprit civique. Pour Alain-Gérard Slama, il s'agit là d'une montée de l'mdividualisme « tribal » et d'une fissure du pacte républicain. Marcel Gaucbet, quant à lui, constate l'émergence d'un troisième pouvoir : celui du juge et de l'opinion.

La démocratie a 2 500 ans !

Débat public, art de la négociation entre forces politiques, vote direct de tous les citoyens sur la colline de la Pnyx : la démocratie est bien née à Athènes, il y 2 500 ans. Un anniversaire que l'on a peu célébré... Pourtant, cette idée révolutionnaire a depuis conquis le monde. Pierre Vidal-Naquet nous dit quelles furent ses origines.

Rome : la nostalgie du fascisme ?

Pour la première fois depuis la guerre, des hommes politiques se réclamant du fascisme ont été appelés à faire partie du gouvernement italien. C'est l'occasion pour les historiens de s'interroger sur le modèle mussolinien. Et pour certains, comme Renzo de Felice, le biographe du Duce, de rappeler son importance dans l'histoire nationale italienne.

Faut-il avoir peur du suffrage universel ?

Le référendum sur les accords de Maastricht a montré à quel point le suffrage universel - 1 homme = 1 voix - peut venir bouleverser les calculs de l'«establishment» politique. Voilà pourquoi, sous la Révolution, les législateurs craignaient les égarements de la «vile multitude». Et la monarchie restaurée établit le suffrage censitaire... Cest l'histoire de ces obstacles élevés pendant plus de cinquante ans contre la volonté du plus grand nombre que Pierre Rosanvallon retrace aujourd'hui dans une étude magistrale : «Le sacre du citoyen. Histoire du suffrage universel en France»*.

Les Français et la tentation antiparlementaire (1789-1990)

Abstentionnisme électoral, désertion des militants, effondrement de l'esprit civique, montée en force du national-populisme - incarné par le Front national (page 44). On croirait assister aujourd'hui à une recrudescence inédite de l'antiparlementarisme. Michel Winock nous rappelle pourtant ici que ce sentiment est une tendance lourde de la vie politique française. L'antiparlementarisme est né... avec le Parlement, dès 1789. Et ses racines sont profondes. Le président de l'Assemblée nationale, Laurent Fabius, partage cette conviction qu'il faut relativiser l'antiparlementarisme français des années 1990. Mais non le sous-estimer. Dans l'entretien exclusif (page 49) qu'il a accordé à L'Histoire, l'ancien Premier ministre passe même à l'offensive. Il propose une solution radicale pour remédier à l'absentéisme des députés, si nuisible à leur travail et à leur image dans l'opinion : la limitation à un seul mandat des fonctions de chaque élu !

Les Américains, spectateurs engagés

« Si les États-Unis n'entrent pas en guerre à très brève échéance, le destin du monde va changer »... Ce 14 juin, en pleine débâcle, le chef du gouvernement français, Paul Reynaud, vient de lancer l'appel de la dernière chance. En vain. Le président Roosevelt refuse d'engager son pays dans la « guerre des autres ». Pourtant l'opinion américaine ne reste pas insensible au drame européen. Au point que son isolationnisme traditionnel en est ébranlé.