Enseignement

École : la réforme introuvable

80% d'une classe d'âge au baccalauréat. Voilà l'objectif fixé par le ministre Lionel Jospin. Reste à savoir comment on y parviendra. Faudra-t-il une nouvelle réforme - encore une! - de l'Éducation nationale ? Une chose est claire: l'École va mal. Plus grave encore, la démocratisation semble en recul. L'état des lieux, nous le dressons avec Philippe Raynaud, qui vient de publier, en collaboration avec Paul Thibaud, La Fin de l'école républicaine (Calmann-Lévy/Fondation Saint-Simon). Il tire ici le bilan de quarante-cinq ans de réformes.

Pourquoi l'école de Jules Ferry divise la France

Depuis près de deux siècles, l'école est au centre des passions françaises. L'échec de la «loi Savary», en 1984, laissait penser que les Français avaient définitivement clos cette querelle. Pourtant, l'«affaire des foulards islamiques de Creil» l'a récemment rallumée. Voilà pourquoi nous avons demandé à Mono Ozouf de retracer les difficiles rapports que les Français entretiennent avec leur école depuis la Révolution. Nombre d'idées reçues sont remises ici à leur place: l'alphabétisation n'a pas commencé avec la République; Jules Ferry n'a pas inventé l'école pour tous; une redéfinition de la laïcité est indispensable, etc. Une mise au point capitale.

Les combats de la laïcité

L affaire des «foulards islamiques» du collège de Creil émeut vivement l'opinion. Au nom du respect des «différences», doit-on revoir la définition de la laïcité? Faut-il renier le combat qui imposa la séparation de l'Église et de l'Etat, soit la clef de voûte de notre société pluraliste ? Michel Winock affirme que la laïcité française fut d'abord une déclaration de guerre à la toute-puissance de l'Église catholique. Aujourd'hui, face à un islam qui, comme le catholicisme d'hier, confond le religieux et le politique, le laxisme de l'État ne risque-t-il pas de remettre en cause le principe des libertés individuelles?

Guizot : la carrière d'un libéral

L'exaltation de la Révolution, puis du socialisme, a longtemps occulté l'originalité du libéralisme français. Le bicentenaire de la naissance de François Guizot nous donne l'occasion de redécouvrir un homme de premier plan, surtout connu par son fameux « Enrichissez-vous ! »

L'enseignement s'est-il démocratisé ?

Professeur a Paris-I et à l'Institut d'études politiques de Pans, Antoine Prost est un spécialiste de la société française contemporaine. On lui doit de nombreux travaux sur l'enseignement, dont L'Enseignement en France, 1800-1967 (A. Colin), et il a participé a plusieurs rapports ou études pour différents ministres de l'Éducation. En publiant L'Enseignement s'est-il démocratisé ? (PUF, 1986), il lance un véritable pavé dans la mare. Étudiant la région d'Orléans à partir d'imposantes statistiques qu'il a reconstituées, Antoine Prost constate en effet que les « filières » et l'orientation, dont il fut, comme tant d'autres, partisan, ont produit un effet pervers. Le vieil enseignement « élitiste » type IIIe République entraînait une meilleure démocratisation que la batterie sophistiquée de réformes de structures des années 1960. Une analyse rédigée avant les événements étudiants de décembre 1986, et qui jette sur eux un regard neuf.

Les malheurs d'Abélard

Il inspira l'amour et ces cris poignants d'Héloïse : « Mon cœur m'a quitté, il vit avec toi. Sans toi, il ne peut plus être nulle part. » Il enthousiasma Michelet qui admirait « ce chevalier errant de la dialectique, vainqueur et sans rival ». Des sources contradictoires, passées au filtre de la critique historique, Jacques Verger tire un portrait saisissant d'Abélard - un homme déchiré, au sens le plus profond du terme.

Jules ferry superstar !

Pour ou contre l'école à la Jules Ferry ? Avec Jean-Pierre Chevènement, la question est à l'ordre du jour. Encore faut-il s'entendre sur les mots, précise Françoise Mayeur, et ne pas interpréter l'œuvre de Ferry à l'aide de mythes qui ont la vie dure*.

Les Français, le livre et l'analphabétisme

Les sociétés contemporaines sont-elles moins alphabétisées qu'on ne le pense ? Et les sociétés anciennes l'étaient-elles davantage ? Qui lisait ? Qui possédait des livres ? Qu'est-ce qu'un éditeur au XVIIIe siècle ? La censure existait-elle ? Toutes ces questions, nous les avons posées à Roger Chartier, qui dirige, en collaboration, une « Histoire de l'édition française ».