Quatrième République

Ni Washington ni Moscou

En 1950, Claude Bourdet et Roger Stéphane lancent L'Observateur, un hebdomadaire « neutraliste » qui refuse de choisir entre Washington et Moscou.

Les désarrois de l'exilé Milosz

En 1951, il n'y avait pas de place, dans l'Université française, pour le Polonais Czeslaw Milosz, poète, essayiste, romancier et futur prix Nobel de littérature. Jean-Maurice de Montremy l'a rencontré en 1988. Voici, en exclusivité, ses réflexions sur ce que fut son étrange carrière, entre la dissidence et la méfiance vis-à-vis de l'Occident.

Le schisme idéologique

La guerre froide a été aussi une guerre idéologique. Elle a divisé en deux camps les intellectuels français: entre la majorité «stalinienne» et les rares partisans du «monde libre», d'où émerge la figure de Raymond Aron, l'affrontement est inégal. Pour la plupart des penseurs de l'époque, l'anticommunisme est, en effet, une maladie honteuse.

Les métamorphoses de la famille

Familles éclatées, dissodées ou en miettes: depuis 1946, les Cassandre n'ont jamais manqué de se lamenter quand de nouveaux chiffres sur la progression des divorces ou des naissances « illégitimes » ont été publiés. Martine Segalen ne défend pas ici une vision radieuse de la famille. Mais elle affirme que celle-ci, en dépit des bouleversements connus depuis la Libération, a su s'adapter à l'évolution des mœurs. Elle conserve, aujourd'hui, un rôle essentiel.

Mythe et réalité de l'épuration

Uranus, le dernier film de Claude Berri, a brossé un tableau sombre de l'immédiat après-guerre: résistants et collaborateurs y sont renvoyés dos à dos, et l'épuration présentée comme une farce sanglante. En réalité, cette période dramatique ne suscite plus aujourd'hui de querelles parmi les historiens. Toute la lumière a été faite par un Américain, Peter JSovick*.

Le cas Boudarel : itinéraire d'un anticolonialiste

Que faut-il penser de l'itinéraire hors du commun de Georges Boudarel, ce professeur dans un lycée de Saigon passé dans le camp de l'ennemi vietminh, au nom d'un anticolonialisme militant et d'une fidélité sans faille à la doctrine communiste ? L'affaire divise les historiens. Et témoigne des ambiguïtés de l'opinion publique française vis-à-vis de son passé colonial.

Prisonnier du vietminh

Au contre de l'affaire Boudarel, une question: quel était le sort réservé aux prisonniers militaires français en Indochine ? Pour le savoir, nous avons interrogé l'ancien ministre Jean-Jacques Beucler, qui a révélé au public les souffrances des soldats du corps expéditionnaire. Il nous livre ici le récit de ses quatre années de captivité dans un camp vietminh. De 1950 à 1954.

Le pacifisme à la française (1789-1991)

La guerre du Golfe a réveillé le pacifisme français. Communistes, extrême droite et écologistes se rejoignent dans une même dénonciation du conflit. Car, s'il se réfère tantôt à l'internationalisme marxiste, tantôt à l'anticommunisme, le pacifisme n'est ni de droite ni de gauche. Michel Winock évoque ici cinq moments forts de son expression : la guerre franco-prussienne de 1870, les préludes du premier conflit mondial, les années trente, la guerre froide et la guerre d'Algérie.

L'irrésistible ascension de François Mitterrand

Peu d'hommes politiques ont compté autant d'ennemis que François Mitterrand. Membre de onze ministères sous la IVe République, il traîne derrière lui une réputation de politicien opportuniste et quelques scandales. Comment a-t-il réussi à acquérir une stature d'homme d'État, à incarner le «peuple de gauche», bref, à séduire les Français ? Michel Winock retrace ici le parcours chaotique et l'art politique de celui qui a su transformer sa carrière en destin national.

La tragédie des harkis

Après les accords d'Évian de mars 1962, des milliers de harkis ont été massacrés en Algérie. Comment l'armée française a-t-elle pu abandonner à leur sort des hommes qui avaient combattu sous ses ordres ? Pourquoi a-t-elle refusé d'aider et de rapatrier ces musulmans et leurs familles ? « L'Histoire » ouvre le dossier, avec le témoignage du général Buis, à l'époque colonel en Algérie et dont la responsabilité a été récemment mise en cause. Avec le récit anonyme d'un harki, qui avait choisi de servir la France en réaction contre les exactions du FLN. Enfin, avec le commentaire de l'historien Guy Pervillé, pour qui la responsabilité du gouvernement français dans cette tragédie ne fait plus aucun doute.