Michel Winock

Révolution : la querelle du Bicentenaire

Le 14 juillet 1989, la parade de Jean-Paul Goude sur les Champs-Elysées remportait un immense succès populaire. La commémoration du bicentenaire de la Révolution réveilla pourtant des affrontements séculaires. Quelle part de l'héritage révolutionnaire l'ensemble des Français pouvait-il pleinement assumer ? Quel sens donner à cet événement fondateur ?

Le Front national : portrait historique d'un parti d'extrême droite

Aux maux nouveaux de la société française, le Front national répond par des slogans anciens : héritage contre-révolutionnaire de l'Action française, nationalisme exclusif d'un Barrès, populisme et antiparlementarisme du mouvement boulangiste, dénonciation obsessionnelle de complots imaginaires... L'originalité du parti de Jean-Marie Le Pen est de faire la synthèse de toutes les traditions d'extrême droite qui depuis la Révolution mettent en cause la démocratie libérale.

Portrait d'un homme providentiel

Qui est l'homme dont le nom se charge soudain de tous les espoirs au lendemain du 13 mai 1958 ? D'abord, aux yeux des Français, le rebelle de 1940. Mais celui qui avait en horreur le système des partis de la IIIe République est aussi porteur d'un véritable projet constitutionnel. Il s'affirme alors comme l'inventeur de la « monarchie républicaine ».

De Gaulle et les Français

Le rideau est tombé. Le solitaire de Colombey ne reviendra plus. L'âge héroïque est révolu. Le dernier nationaliste a disparu. Ses qualités de tacticien, la guerre d'Algérie, les dissensions de la gauche avaient permis à l'homme du 18-Juin un « come-back » imprévu. Une fois au pouvoir, de Gaulle a disposé, jusqu'en 1962, d'un appui massif de l'opinion. On a beau aligner tous ses mérites, vérifier tous ses titres de gloire, cela ne suffit pas à expliquer la confiance spontanée que les Français lui offrirent alors.

La gauche au pouvoir : les rendez-vous manqués

Un gouvernement socialiste est au pouvoir en France. Il pourra profiter, pour mener son action, de la stabilité que lui confèrent les institutions de la Ve République. Et de la légitimité acquise sous les deux septennats de François Mitterrand. Est-ce l'occasion de rompre enfin avec une fatalité de l'échec ? Car, du Cartel des Gauches dans les années 1920, au ministère Guy Mollet pendant la guerre d'Algérie, en passant par l'expérience de Léon Blum lors du Front populaire, la gauche a souvent manqué ses rendez-vous avec le pouvoir.

Jeanne d'Arc est-elle d'extrême droite ?

Habitués depuis plusieurs années à voir le Front national célébrer la fête de Jeanne d'Arc, nos contemporains ignorent que le culte de la « bonne Lorraine » a longtemps été de gauche. C'est lorsque le nationalisme glisse à droite, à la fm du xrx> siècle, que l'étendard de la Pucelle commence à être brandi comme un symbole contre les « ennemis de l'intérieur ».

La guerre est finie...

La guerre froide n'a vraiment pris fin qu'avec l'effondrement du mur de Berlin, en 1989. Et l'implosion de l'TJRSS. Dans ce duel de géants qui dura trois quarts de siècle, l'affrontement Staline-Truman de 1947 ne fut qu'un tournant. La révélation, à la face du monde, que le neutralisme était impossible, et qu'il fallait choisir son camp.

Les Français ont-ils encore une patrie ?

L'amour de la patrie va-t-il disparaître avec le service militaire ? Une chose est sûre, et les chants révolutionnaires nous le rappellent avec brutalité : en France, c'est la république qui a inventé, du même coup, le soldat citoyen et le sacrifice patriotique.

André Gide au pays des soviets

Il y a soixante ans, André Gide, écrivain mondialement connu et « compagnon de route » du PCF, revenait d'un voyage en URSS. On l'y avait reçu royalement, attendant de lui un panégyrique du régime. Il publia une dénonciation argumentée qui fit scandale.