Faut-il avoir peur du suffrage universel ?
Le référendum sur les accords de Maastricht a montré à quel point le suffrage universel - 1 homme = 1 voix - peut venir bouleverser les calculs de l'«establishment» politique. Voilà pourquoi, sous la Révolution, les législateurs craignaient les égarements de la «vile multitude». Et la monarchie restaurée établit le suffrage censitaire... Cest l'histoire de ces obstacles élevés pendant plus de cinquante ans contre la volonté du plus grand nombre que Pierre Rosanvallon retrace aujourd'hui dans une étude magistrale : «Le sacre du citoyen. Histoire du suffrage universel en France»*.
Les pères de la IIIe République
C'est sous le Second Empire que la république a refait ses forces. Mais quelle république ? Celle des révolutionnaires, des ardents, des blanquistes qui refusent les « illusions de la démocratie » et appellent de leurs vœux une commune insurrectionnelle ? Ou celle des libéraux, ces modérés qui croient que l'on peut concilier l'ordre et le progrès ? Michel Winock nous raconte ici comment et pourquoi ces derniers l'ont emporté. Patients, rusés, infatigables, ce sont eux qui, entre 1860 et 1889, ont eu la charge d'établir les assises de granit de la politique française.
La république de Paul Déroulède
Paul Déroulède a-t-il été le précurseur d'une pensée politique qui devait aboutir à la Ve République ? Partisan du général Boulanger, antidreyfusard, il se fit, en 1899, l'artisan d'un coup d'État manqué. Mais cet activiste a aussi été le théoricien d'une réforme des institutions républicaines. C'est cet aspect méconnu de son action que Michel Winock met ici en lumière.
Le schisme idéologique
La guerre froide a été aussi une guerre idéologique. Elle a divisé en deux camps les intellectuels français: entre la majorité «stalinienne» et les rares partisans du «monde libre», d'où émerge la figure de Raymond Aron, l'affrontement est inégal. Pour la plupart des penseurs de l'époque, l'anticommunisme est, en effet, une maladie honteuse.
La question juive
L'extrême droite accuse le Juif d'être l'incarnation de l'Anti-France, Les républicains, au nom de l'universalité, nient sa spécificité. La question juive est au cœur de la vie politique française.
Le pacifisme à la française (1789-1991)
La guerre du Golfe a réveillé le pacifisme français. Communistes, extrême droite et écologistes se rejoignent dans une même dénonciation du conflit. Car, s'il se réfère tantôt à l'internationalisme marxiste, tantôt à l'anticommunisme, le pacifisme n'est ni de droite ni de gauche. Michel Winock évoque ici cinq moments forts de son expression : la guerre franco-prussienne de 1870, les préludes du premier conflit mondial, les années trente, la guerre froide et la guerre d'Algérie.
Les Communards à la vidéothèque
La Vidéothèque de Paris présente, du 2 au 7 mai, outre une projection-débat organisée par « L'Histoire » et « L'Événement du Jeudi », une série de films traitant de la Commune de 1871. Cette Commune qui fit au bas mot vingt mille morts, sans compter les condamnés au bagne. Cette Commune qui compte moins dans l'histoire que dans la force émotive de son souvenir et du mythe qu'elle produisit*.
L'irrésistible ascension de François Mitterrand
Peu d'hommes politiques ont compté autant d'ennemis que François Mitterrand. Membre de onze ministères sous la IVe République, il traîne derrière lui une réputation de politicien opportuniste et quelques scandales. Comment a-t-il réussi à acquérir une stature d'homme d'État, à incarner le «peuple de gauche», bref, à séduire les Français ? Michel Winock retrace ici le parcours chaotique et l'art politique de celui qui a su transformer sa carrière en destin national.
Les Français et la tentation antiparlementaire (1789-1990)
Abstentionnisme électoral, désertion des militants, effondrement de l'esprit civique, montée en force du national-populisme - incarné par le Front national (page 44). On croirait assister aujourd'hui à une recrudescence inédite de l'antiparlementarisme. Michel Winock nous rappelle pourtant ici que ce sentiment est une tendance lourde de la vie politique française. L'antiparlementarisme est né... avec le Parlement, dès 1789. Et ses racines sont profondes. Le président de l'Assemblée nationale, Laurent Fabius, partage cette conviction qu'il faut relativiser l'antiparlementarisme français des années 1990. Mais non le sous-estimer. Dans l'entretien exclusif (page 49) qu'il a accordé à L'Histoire, l'ancien Premier ministre passe même à l'offensive. Il propose une solution radicale pour remédier à l'absentéisme des députés, si nuisible à leur travail et à leur image dans l'opinion : la limitation à un seul mandat des fonctions de chaque élu !
Fureurs et clameurs des écrivains catholiques
Louis Veuillot, Barbey d'Aurevilly, Léon Bloy, foris-Karl Huysmans, Paul Claudel, Edouard Drumont, en attendant Charles Péguy et Georges Bernanos... Les plus grands polémistes du XIXe et du début du XXe siècle sont catholiques. Ces années résonnent encore de leurs clameurs, de leurs vociférations, de leurs provocations. Pas question de réconcilier l'Église et le siècle. Feu sur la République laïque !