Le Grand Siècle de l'oraison funèbre
L'éloge du défunt lors de ses funérailles est pratiqué depuis l'Antiquité. Mais c'est bien au temps de Bossuet que ce genre atteint son apogée.
L'éloge du défunt lors de ses funérailles est pratiqué depuis l'Antiquité. Mais c'est bien au temps de Bossuet que ce genre atteint son apogée.
On sait que Néandertal procédait déjà à des rituels funéraires. Mais c'est à la toute fin du Paléolithique, au Proche-Orient, que les hommes, en se sédentarisant, ont choisi de fixer leurs morts près de leur habitat.
Certificat de décès, permis d'inhumer... Réservé aux prêtres depuis le Moyen Age, le soin des morts devient, au cours du XIXe siècle, une préoccupation majeure des médecins. Non sans résistance de la part de la population.
Face au scandale de la mort, les élites égyptiennes ont choisi de couvrir, réparer et dissimuler le corps des défunts. Une préparation qui pouvait durer soixante-dix jours.
En Allemagne le sentiment d'aberration, de sidération, face à la mort de masse a été exacerbé par la défaite de 1918. Pourquoi 2,5 millions de personnes sont-elles mortes ? L'idéologie nazie donne sens à l'hécatombe, en proposant au « peuple » le nouvel horizon du « Reich de mille ans ».
Bien loin de l'idée d'une Grèce rationnelle, affranchie de ses mythes anciens, la peur de ne pas être en paix avec ceux qui ont trépassé perdure encore à Athènes au Ve siècle av. J.-C.
Marqué par le recul des pratiques religieuses, le XIXe siècle fut pourtant traversé par un intense culte des morts. Mêlant dévotion catholique et superstitions populaires au fort potentiel de consolation, cette religion hybride résista à l'anticléricalisme de la IIIe République et aida à surmonter le traumatisme de la Grande Guerre.
La christianisation n'a pas immédiatement transformé le traitement des défunts. Mais, au Moyen Age, l'installation des cimetières au coeur des paroisses modifie considérablement le lien entre les vivants et les morts. Un lien que l'Église entend bien contrôler.
Mourants abandonnés à leur solitude, inhumations collectives à la hâte, cimetières qui débordent : citant la Bible, les chroniqueurs de la Grande Peste, qui, au milieu du XIVe siècle, dévasta l'Europe, témoignent de l'impossible deuil en temps d'épidémie.
En poursuivant votre navigation sur les sites du groupe Sophia Publications, vous acceptez l'utilisation des cookies permettant de vous proposer des services et contenus personnalisés.