Troisième République

Le pacifisme à la française (1789-1991)

La guerre du Golfe a réveillé le pacifisme français. Communistes, extrême droite et écologistes se rejoignent dans une même dénonciation du conflit. Car, s'il se réfère tantôt à l'internationalisme marxiste, tantôt à l'anticommunisme, le pacifisme n'est ni de droite ni de gauche. Michel Winock évoque ici cinq moments forts de son expression : la guerre franco-prussienne de 1870, les préludes du premier conflit mondial, les années trente, la guerre froide et la guerre d'Algérie.

Pourquoi les Français se sont convertis à la publicité

Une grande exposition au Centre Pompidou le rappelle : art et publicité ont toujours fait bon ménage dans notre pays. Une seule raison à cette alliance: les Français, résolument hostiles à toute «réclame», n'ont d'abord admis la publicité que sous une forme esthétique*.

Et le plant américain sauva la vigne française...

Au début des années 1880, le vignoble français est ravagé par le phylloxéra. Pour le sauver, deux écoles s'affrontent: les «américanistes» prônent l'adoption de plants américains; les «sulfuristes» s'opposent violemment à cette solution antifrançaise et chantent les vertus du sulfure de carbone. Il faudra dix ans pour que l'opinion bascule en faveur des cépages d'outre-Atlantique.

Le temps du cinématographe

« Cavernes de voleurs », « royaume des ombres », les premières salles de cinéma offraient à un public ébahi des chefs-d'œuvre comme le « Vovaae dans la lune » de fAéliès, mais aussi des farces inspirées du vaudeville, ou encore d'extraordinaires documents d'actualité. Chantai Georgel raconte les premières années du cinématographe, cette forme d'expression révolutionnaire qui, pour les contemporains, n'était qu'une industrie et pas encore un art.

« Viollette l'arabe »

Accorder le droit de vote à 25 000 indigènes: le projet de Maurice Viollette, ministre de Léon Blum, nous apparaît aujourd'hui comme bien timide. Françoise Gaspard nous dit pourquoi il fut à l'époque un objet de haine pour les uns et, pour les autres, une occasion manquée.

Jules Roy, l'enfant de la Mitidja

Jules Roy est un enfant de la Mitidja. ISé en 1907, il y a vécu jusqu'à l'âge de onze ans avant de « monter » à Alger, où il fréquente d'abord le lycée puis le séminaire. Ce fils de colon, ami d'Albert Camus, est devenu un ardent défenseur de la restitution de l'Algérie aux Algériens. Pour « L'Histoire », il évoque ses souvenirs.

Les mensonges de Montherlant

Grâce à la biographie perspicace de Pierre Sipriot, on découvre enfin que Montherlant a poussé jusqu'à la caricature l'attitude de l'écrivain face à la politique. Ses modernes successeurs continuent sur ses traces à donner des consultations sur l'avenir du monde, à passer d'une admiration à l'autre, d'un camp à l'autre, d'une trahison à l'autre. A l'instar de Montherlant, les écrivains ne sont pas au service des grandes causes. C'est le contraire qui est vrai*.

Policiers, et prostituées à la Belle Époque

Arrestations sans mandat, incarcérations abusives, brimades et vexations... Au tournant du XXe siècle, l'attitude des policiers vis-à-vis des prostituées relève de l'arbitraire de l'Ancien Régime. Et les bavures ne manquent pas, qui font la Une de la presse à sensation, telle l'histoire de cette demoiselle Ligeron, emprisonnée dix jours pour prostitution avant qu'on ne s'aperçoive de sa virginité... Les filles «à numéro» des lupanars, comme les filles «en carte» et les «insoumises», subissent plusieurs fois par semaine les humiliants contrôles que la «morale» et la pudeur publiques exigent.

École : la réforme introuvable

80% d'une classe d'âge au baccalauréat. Voilà l'objectif fixé par le ministre Lionel Jospin. Reste à savoir comment on y parviendra. Faudra-t-il une nouvelle réforme - encore une! - de l'Éducation nationale ? Une chose est claire: l'École va mal. Plus grave encore, la démocratisation semble en recul. L'état des lieux, nous le dressons avec Philippe Raynaud, qui vient de publier, en collaboration avec Paul Thibaud, La Fin de l'école républicaine (Calmann-Lévy/Fondation Saint-Simon). Il tire ici le bilan de quarante-cinq ans de réformes.

Les mosquées de la République

La construction d'une mosquée en plein Paris: on imagine les réactions que ce projet soulèverait en 1990. En 1926, pourtant, l'inauguration de la mosquée de Paris se déroule dans un enthousiasme unanime. C'est que, avant les années 1980, les républicains considèrent l'islam comme un facteur de paix sociale et... d'unité. La révolution iranienne et les revendications des islamistes extrémistes en ont fait, aux yeux de l'opinion, une religion subversive.